L’ATLF était bien sûr présente à la vingtième édition de Quais du Polar, avec les ateliers scolaires, mais aussi la traditionnelle joute de traduction.
Cette année encore, le succès public ne s’est pas démenti, et les spectateurs ayant bravé la looooongue file d’attente du Palais de la Bourse ont eu le plaisir de découvrir un inédit, Racconto espresso, du célèbre créateur du commissaire Soneri, l’italien Valerio Varesi. Samuel Sfez et Maïa Rosenberger ont chacun proposé leur traduction, que Vanessa De Pizzol a analysées avec précision et profondeur. Dans ce texte noir à la limite du genre, un homme mandaté par une entreprise pour une affaire fondamentale est immobilisé dans un train à l’arrêt : il rate son avion, mais aussi la chance professionnelle de sa vie. Entre l’observation des réactions des passagers, l’angoisse qui le saisit et finit par l’envahir, le remords et la culpabilité d’avoir évincé de cette mission un collègue presque ami, le protagoniste se perd dans le flux de ses pensées. Lorsqu’il comprend qui est celui qui, se jetant sous le train, a in fine fait échouer sa mission, les hasards du destin, les effets de la paranoïa, l’absurdité du monde moderne rompent les digues de sa raison, et la folie qui rôdait finit par l’emporter.
Ce texte qui dissèque les jeux du hasard- ou du destin –, mettant à nu la violence que le monde inflige aux hommes (ou qu’ils s’auto-infligent) présentait de réelles difficultés : champs lexicaux, usage inhabituel des temps verbaux, ruptures de ton et de style, et quelques images, parfois inspirées du champ scientifique, d’une grande complexité de traduction.
Après que Vanessa avait pointé les enjeux, les écueils et les choix de chacune des traductions – oralité plus ou moins prononcée, temporalités différentes, effets du destin /fortune/ hasard diversement restitués, et images empruntées aux imaginaires personnels – Valerio Varesi, retenu par une table ronde, n’a pu nous rejoindre qu’à la fin de la joute et a pu expliquer certains de ses choix et échanger avec le public. L’heure – nous avons un peu débordé – est, comme d’habitude pour les joutes, passée trop vite. Nous aurions pu échanger encore longtemps sur ce texte et avec l’auteur. Partie remise ?