Histoires de rencontres

Le samedi 1er octobre, la petite ville de Gif-sur-Yvette retentissait de toutes les langues invitées au désormais célèbre Festival VO-VF, Traduire le monde. Une carte blanche avait été offerte à l'ATLF qui a réuni dans la salle Saint-Rémi un public nombreux - et certains n'ont même pas réussi à trouver de place... Sophie Aslanides a convié sur le plateau Sika Fakambi, traductrice d'anglais, Aurélie Bontou-Roche, responsable de traduction dans le groupe éditorial Libella et Laure Hinckel, traductrice de roumain et membre du CA de l'ATLF. Le sujet? Parler de  « l’intimité de la rencontre entre un texte et son lecteur »...

Comment un texte étranger arrive-t-il en France? Quel rôle joue la traductrice? Comment sont vécues ces rencontres, ces possibles histoires d’amour?

Florilège de réponses : 

Sika Fakambi : « Dans le fauteuil d’une librairie en Australie, la libraire m’a montré des nouvelles de Gail Jones. J’ai su en les lisant que j’allais les traduire. Que j’allais traduire… »

Laure Hinckel : « la rencontre d’un texte peut être une vraie histoire d’amour en effet. Elle peut naître à la faveur d’une rencontre dans un festival, dans une librairie. Il y a toujours une histoire humaine à l’origine de la rencontre. »

Sika Fakambi : « Chaque livre est unique. Parfois en suivant un auteur, on se rend compte qu’il se répète, aussi. Son obsession devient la mienne. J’aime ce lieu de rencontre. »

Aurélie Roche : « Dans mon métier, c’est souvent avec les traducteurs que j’ai les conversations les plus passionnées, les plus profondes »

Laure Hinckel et Sika Fakambi se rejoignent sur le fait que même si un texte leur est proposé, il y aura toujours une expérience du domaine de la rencontre avec un auteur. 

Au sujet des relations entre traducteurs et éditeurs, Laure Hinckel a souligné que « laisser partir un texte, c’est avoir suffisamment confiance en soi. » Elle a précisé : « Nous avons la chance en France – et pour ma part je suis conscience de la chance de cette belle relation – de pouvoir entretenir  un dialogue avec l’éditeur qui se charge de notre traduction. Il ne faudrait pas que cette relation s’étiole, car nous travaillons ensemble pour la pérennité des beaux textes de la littérature mondiale. » 

Sika Fakambi confirme elle aussi : « le moment où je laisse le texte à l’éditeur est un moment important en direction du futur lecteur. Sur les endroits où je doute, l’éditrice peut poser telle question qui me permettra de donner la bonne solution. »

Aurélie Roche, responsable des traductions chez Libella : « quand je choisis un traducteur, en dehors de contingences de disponibilité, je le choisis en fonction d’une attente par rapport à un texte. » Encore une fois, chacun tente de trouver les bonnes combinaisons pour que la rencontre autour du texte littéraire aboutisse à la création d’un livre apprécié par les lecteurs. 

De gauche à droite : Sophie Aslanides, Laure Hinckel, Aurélie Bontou-Roche et Sika Fakambi