« LEILA est l’acronyme inversé de « Arabic Literature in European Languages ». « Layla » (« nuit ») est un mot chargé en arabe d’une connotation très positive : prénom féminin d’origine préislamique, « Leïla » veut dire « le début du vertige et de l’ivresse de l’amour ». Ce nom fait également référence aux Mille et une nuits (en arabe, « Alf layla wa-layla »), l’un des premiers corpus littéraires traduits depuis l’arabe, qui a circulé en Europe dès le XIIe siècle. LEILA convoque enfin dans l’imaginaire « Majnûn Layla », histoire d’amour populaire d’origine préislamique, une œuvre de l’universel qui dialogue par ses poèmes avec l’ensemble des cultures du Moyen-Orient et d’Asie centrale.
LEILA est fondé sur une volonté commune de favoriser en Europe la connaissance, via la traduction, de la nouvelle scène littéraire arabophone. Les « printemps arabes » de 2011 ont donné lieu à une incroyable effervescence artistique, entrainée par la libération de la parole et la chute ou la remise en cause de régimes oppressifs : cela nous a soudain conduits, en Europe, à « re-voir l’autre » et « écouter le monde arabe », pour enfin sortir du paradigme post-colonial de « l’invisibilité cognitive des espaces arabes » (Yassin El Haj Saleh). Si les arts vivants ou visuels ont su peu à peu trouver leur place sur les scènes artistiques européennes, les nouvelles voix de la littérature arabe restent peu audibles. Première langue parlée par les populations les plus récemment arrivées en Europe, et par plus de 500 millions de locuteurs dans le monde, la langue arabe reste, dans le champ des échanges de traduction, une « langue rare ». À l’heure de l’essor de la créativité artistique arabe en Europe, la nouvelle scène littéraire arabophone, bouillonnante, diverse, audacieuse, n’y trouve encore qu’un (trop) faible écho.
Le projet LEILA se déroulera sur trois ans, autour de trois objectifs : structurer et renforcer le réseau professionnel de la littérature et de l’édition euro-arabe ; favoriser la « découvrabilité », en Europe, de la nouvelle scène littéraire arabophone ; renforcer les capacités et la visibilité de la nouvelle génération européenne de traducteur·rice·s de l’arabe.
En tant que partenaire du projet, ATLAS accueillera deux temps forts. En juin 2021, se tiendront à Arles des « Etats généraux » de la traduction depuis l’arabe vers les différentes langues européennes. Dix traducteurs seront réunis pendant une semaine de résidence au Collège International des Traducteurs Littéraires (CITL) à l’Espace Van Gogh, pour échanger sur le paysage éditorial des textes traduits de l’arabe vers les langues européennes, et pour partager les bonnes pratiques autour de la « découvrabilité » de nouveaux textes à traduire et leur promotion. Courant 2023 se tiendra une nouvelle résidence de travail permettant de présenter le travail accompli depuis 2021, les auteurs découverts, et les outils mis en place pour faciliter l’émergence de nouvelles voix du monde arabe à traduire.
L’appel à contributions pour la première résidence, qui se tiendra à Arles du 14 au 18 juin 2021, est ouvert jusqu’au 30 avril 2021. »
Pour découvrir LEILA, ses partenaires, et accéder à l’appel à candidatures, consulter le site d’ATLAS.