Les traducteurs ukrainiens ont besoin d'aide, comme tous les Ukrainiens. Mais les créateurs dans le domaine de la langue sont particulièrement importants dans des conflits nourris par la propagande de l'agresseur. Les traducteurs comme les écrivains, les dramaturges, les poètes ukrainiens forgent et renforcent l'identité de leur culture aujourd'hui menacée par la guerre et l'exil des forces vives.
Aider avec le Pen club d'Ukraine
Le site du PenUkraine, war.pen.org.ua, est le centre de ressources vers lequel se tourner pour ceux qui veulent aider l’Ukraine. On peut s’inscrire à la lettre d’info, trouver des informations sur la situation en Ukraine et des moyens d’aider les Ukrainiens. Sur son site, PenUkraine a compilé une liste de livres pour aider à mieux comprendre l’histoire et la mentalité du pays. On y trouve aussi une série de conversations, #DialoguesOnWar : des intellectuels ukrainiens et étrangers parlent de l’expérience de la guerre et partagent leurs observations. Enfin, le site permet de faire des dons aux associations d’auteurs.
Traducteurs en action
L'initiative Translators in Action vise à développer la communauté des traducteurs et à créer des projets et des outils pour renforcer et augmenter la sécurité professionnelle des traducteurs littéraires ukrainiens. On trouve notamment sur son site un répertoire des traducteurs littéraires d’Ukraine (cliquer sur le titre de cet encadré)
Traducteurs et interprètes d'Ukraine
Enfin, on peut aller voir le site de l’Association des traducteurs et interprètes d’Ukraine : https://www.uati.org/, qui a créé un fonds de solidarité (cliquer sur l'image ci-dessous vous enverra sur les informations permettant d'aider. 2200 euros collectés pour un pays bien plus vaste que la France, c'est très peu!)
Trois traducteurs ukrainiens ont participé, à distance, à la rencontre des traducteurs délégués des associations nationales à Sofia (voir ici le compte-rendu de l’assemblée générale).
Oksana Stoianova, Natalia Pavliuk et Ostap Slyvynsky ont raconté leur quotidien interrompu et surtout ont mentionné les moyens par lesquels les traducteurs du reste de l’Europe peuvent les aider.
Les personnes qui ont fui le pays sont principalement des femmes et des enfants, les hommes de moins de 60 ans étant tenus de rester dans le pays.
Les traducteurs qui dépendent de leurs revenus sont dans une grande précarité, l’activité du secteur de l’édition étant entièrement suspendue. Depuis le début de la guerre, la vie pour les traducteurs est devenue très compliquée. Certains se sont engagés dans les forces armées, d’autres se sont engagés dans l’aide et la solidarité, tous ont perdu leur source principale de revenus.
Les traducteurs ukrainiens restés dans le pays et leurs familles qui ont fui ont besoin d’une aide humanitaire concrète, bien sûr – soins médicaux, nourriture, logement, mais aussi besoin de livres, notamment de livres en ukrainien pour leurs enfants (une librairie de Sofia en met gratuitement à disposition).
Mais ce qui les aide beaucoup aussi, c’est d’une part la traduction d’œuvres ukrainiennes, indispensable pour les soutenir matériellement, mais aussi pour affirmer et diffuser la culture et le patrimoine linguistique de l’Ukraine en résistance à la propagande russe ; et d’autre part le fait de se savoir écoutés et soutenus par les autres pays d’Europe.
Il est difficile de garder la trace de tous, de savoir où ils sont et combien ils sont. Lorsqu’on fuit son pays, on le fait en tant qu’individu, pas en tant que traducteur, c’est pourquoi on n’a pas forcément le réflexe de se tourner vers le réseau de solidarité de la profession.
L’association des traducteurs de Pologne a créé sur son site une page dédiée à l’aide aux auteurs et traducteurs ukrainiens, plutôt qu’attendre qu’ils se manifestent : elle a ainsi réussi à mobiliser plus d’une cinquantaine de bénévoles. Bien sûr, l’afflux de réfugiés est bien plus important en Pologne ( mais aussi en Moldavie et en Roumanie, eux aussi pays limitrophes) qu’en France.
Ostap Slyvynsky (ostap_sl@hotmail.com), poète, essayiste et traducteur, vice-président de PEN Ukraine, a évoqué depuis Lviv la situation des traducteurs et auteurs ukrainiens.
Oksana Stoianova, traductrice ukrainienne actuellement en Bulgarie, est venue en personne à la réunion. « Les traducteurs sont extrêmement importants en temps de guerre. En traduisant les auteurs ukrainiens, les traducteurs font connaître l’identité et le patrimoine culturel ukrainiens », dit-elle. Elle a évoqué les réseau de solidarité qui se sont créés notamment par des groupes Facebook, qui aident les réfugiés à rester en contact entre eux. Lorsqu’elle a fui en Bulgarie, elle a reçu une aide inestimable de l’association des traducteurs locale.
Natalia Pavliuk, présidente de l’Association des traducteurs et interprètes d’Ukraine (UATI), nous a également parlé par Zoom.