J’ai repris mes études il y a deux ans, et me retrouve en master traduction littéraire (anglais) à l’université d’Avignon, à 45 ans. Je suis donc étudiante-traductrice, et j’espère bien devenir traductrice tout court… un jour.
À mon âge, on n’a pas de temps à perdre. C’est pourquoi j’applique à la lettre les conseils prodigués : se cultiver en lisant de la littérature française autant qu’étrangère, et cultiver son réseau, dès maintenant, sans attendre, afin de progresser peu à peu dans la connaissance de la filière et sur la manière d’aborder ce beau métier.
En effet, comment pénétrer le milieu hermétique de l’édition ? Sûrement pas en arrosant les éditeurs de CV… Non, plutôt par petites touches successives, sans relâche… assister aux salons du livre, aux Assises de la traduction, fréquenter les librairies, se rendre visible tout en glanant des informations, bref « montrer qu’on existe ». Comment faire sortir le traducteur de l’anonymat ?
Car, à part quelques maisons d’édition comme Actes Sud dans sa collection Babel, il est encore rare que le nom du traducteur figure en couverture… « C’est pas beau ! » Ah bon ? Je dirais qu’on peut toujours choisir un pseudo… si on a un nom à coucher dehors, non ? Nom de nom de nom d’un chien ! Rappelons ce principe de base : la traduction permet le partage des cultures, depuis que l’homme communique ; elle est donc indispensable.
Il est vrai aussi que tous les traducteurs ne sont pas anonymes. Je pense plus précisément à Bernard Hoepffner, Claro, Brice Matthieussent, Jean-François Ménard, Pierre Furlan qui ont réussi à sortir de l’invisibilité du traducteur. Mais où sont les traductrices, qui représentent pourtant les trois quarts des traducteurs ? Pour le plaisir, voici quelques noms connus ou qui devraient l’être : Christine Le Bœuf, Maïca Sanconie, Claire Malroux, Christine Laferrière…
Oui ça fait rêver… Donc, cultiver son réseau ! Lors des Assises en novembre à Arles, l’atelier de traduction de l’anglais a été une révélation, grâce à « une toute jeune traductrice aux cheveux blancs », comme se définit elle-même Annie-France Mistral, qui a suivi un master en traduction littéraire « sur le tard » et a réussi à faire publier sa traduction d’un roman de Joshua Cohen.
Tout serait donc possible, en s’en donnant la peine ? De fait, il existe énormément de livres classiques ou modernes à traduire ou retraduire… Alors, il y a peut-être de l’espoir pour les futur(e)s traducteurs(trices), en faisant sienne la devise de l’université d’Avignon « Ne pas attendre l’avenir, le faire » !