Pour la première fois cette année, l’ATLF et le festival Vo-Vf ont conclu un véritable partenariat portant sur l’organisation de deux événements.
Dès l’hiver 2020, en effet, Evelyne Noygues, membre de l’association et traductrice littéraire de l’albanais, a exprimé le désir de mettre à l’honneur l’albanais, langue rare dont la littérature est largement méconnue. Sa proposition a été finalement élargie à d’autres langues rares des Balkans et des pays de l’ex-Yougoslavie – rares par la population concernée et par leur rayonnement – comme le slovène et le macédonien. L’ATLF a pu ainsi proposer aux festivaliers une table ronde, intitulée « Contes, récits et épopées des Balkans ». Cette table ronde a réuni Evelyne Noygues pour l’albanais, Stephane Baldeck, traducteur de slovène et enseignant de philosophie, Frosa Pejoska-Bouchereau, traductrice de macédonien et professeur des universités en langue, littératures et civilisations macédoniennes à l’Inalco. La modération était assurée par le journaliste Pierre Glachant qui anime le blog « Lettres de l’Est et des Balkans » sur le média en ligne Le courrier des Balkans.
Le dimanche 3 octobre dernier, les intervenants se sont interrogés sur la manière dont ces œuvres, souvent anonymes et orales, étaient devenues des éléments de préservation de l’identité nationale, à quelles fins elles avaient été utilisées et quels points communs elles pouvaient avoir.
Après une présentation synthétique de chaque traducteur par le modérateur, les participants ont évoqué l’importance des contes, récits et épopées dans la littérature balkanique, l’un des éléments de la mémoire collective de chaque peuple dans les Balkans.
Ils ont présenté et échangé sur l’œuvre qu’il ou elle avait retenue : les Récits anciens albanais de Mitrush Kuteli (édition bilingue du QBD, Tirana, 2021) avec un focus particulier sur le héros épique Gjegj Elez Alia, celui de Bolen Dojcin, L’allaité allaitant » macédonien, et le personnage de fiction slovène Martin Krpan créé par Fran Levstik.
Cette table ronde a permis de mettre en valeur une aire culturelle d’une grande richesse linguistique et un genre littéraire qui continue à nourrir l’imaginaire et la création artistique de tous ses locuteurs.
La vidéo de cette table ronde est disponible sur la chaîne YouTube du festival (à partir de 01:36:40)
Pour rester dans une aire géographique proche et dans la thématique des langues minorées, c’est à Laure Hinckel, traductrice du roumain et notamment de Mircea Cărtărescu, que l’ATLF a proposé d’organiser la seconde manifestation, déjà familière des habitués du festival : une joute de traduction, cette fois-ci en roumain.
Autour d’un extrait du roman Tache de catifea (Tacké de velours) de Ştefan Agopian, Laure Hinckel a réuni deux autres traducteurs aguerris, membres de l’association, Mariana Cojan-Negulescu et Nicolas Cavaillès.
Ştefan Agopian, né en 1947 à Bucarest, est considéré comme l’un des plus éminents écrivains roumains contemporains. Pourtant, sur ses huit romans, seul Sara, paru en Roumanie en 1987, après avoir été retenu par la censure communiste, a été publié en France en 2015 aux éditions Jacqueline Chambon dans une traduction de Laure Hinckel.
Par cette joute, Laure espère vivement attirer l’attention des éditeurs sur un auteur dont l’œuvre mériterait d’être traduite intégralement.
Tout en invitant les deux traducteurs à débattre de leurs choix de traduction, elle a agrémenté sa présentation d’un visuel riche qui a pu rendre plus sensible au public la vie et l’œuvre de l’auteur : couvertures des ouvrages en roumain, photographie de l’auteur, représentation d’une apothicairerie (crédits : Musée de Troyes), en relation avec le passage traduit.
Enfin, elle a également lu en public un message de l’auteur expliquant l’origine du prénom Tache, diminutif de Constantin, et l’emploi énigmatique du mot velours dans le titre.
L’ATLF tient particulièrement à remercier ici non seulement les festivaliers de Vo-Vf qui ont accueilli avec plaisir deux manifestations originales, propres à rendre compte de la richesse du métier de traducteur, mais aussi l’Institut culturel roumain de Paris qui s’est associé au financement de l’événement, pour cette toute première joute en roumain. Nous saluons Doina Marian, la directrice de l’Institut à Paris, qui l’a honoré de sa présence.
Un partenariat avec l’Institut culturel roumain