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De la Brésilienne Patrícia Galvão, dite Pagu, les éditions Le Temps des cerises et le traducteur Antoine Chareyre nous font découvrir Parc industriel. Roman prolétaire, une œuvre de 1933.
L’œuvre est surprenante, crue, abrupte, un de ces textes qui n’a cure de plaire ni d’être aimable, tout entier qu’il est à sa vocation dénonciatrice : montrer la misère de la classe prolétaire brésilienne en cette difficile période de l’entre-deux guerres. Au travers de quelques personnages, ouvrières, prostituées, bourgeoises d’adoption, leaders ouvriers, on plonge dans l’univers des exploités, du dénuement, des rêves déçus et des lendemains qui ne chantent guère. Une force habite ce roman et le fait échapper à ce que son propos pourrait avoir de trop démonstratif. Il pulse de vie et d’énergie, présente avec la densité du raccourci tous les rêves, toutes les batailles, les désillusions et les renaissances qui président au combat social et permettent à l’esprit de la révolte de se perpétuer envers et contre tout.
L’ouvrage a été édité avec un grand soin, reprenant certaines des caractéristiques typographiques de l’édition originale, ce qui en fait un bel objet livre. La traduction a très bien su faire passer la singularité de cette voix littéraire, sans chercher à esquiver les rugosités, sans non plus les souligner. Un abondant appareil de notes et une copieuse postface témoignent en outre de l’engagement du traducteur dans cette entreprise éditoriale.
Patrícia Galvão (Pagu)
Parc industriel. Roman prolétaire
Traduit du portugais (Brésil) par Antoine Chareyre
Le Temps des cerises, 2015
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Un autre univers de langue portugaise, celui du Mozambicain Mia Couto. La Pluie ébahie : à lui seul déjà le titre, qui reprend celui de la version originale, est un poème. Et il donne parfaitement la tonalité de ce roman étrange, aux marges du fantastique, qui oscille entre le conte, le mythe et la chronique d’un village bouleversé par l’intrusion de la modernité sous la forme d’une usine dégageant des fumées toxiques.
Tout commence lorsque la pluie, soudain, cesse de tomber pour rester en suspens dans l’air, un « pluviotis » dont on s’amuse un temps avant de s’inquiéter. Car l’aridité s’installe, le fleuve s’assèche et les individus, tout à coup, sont comme mis à nu : renvoyés à leurs insatisfactions, à leurs velléités, à leurs rêves inassouvis. Le narrateur, un jeune garçon, tente de trouver ses marques dans cet univers traversé par les fractures raciales, les déséquilibres naturels et les secrets familiaux. Le grand-père est seul à lui offrir un peu de chaleur affective, mais son lent dépérissement déstabilise le fragile équilibre qu’il s’était construit.
On ne sait trop s’il faut rire ou pleurer à la lecture de ces pages où les individus ne cessent de se cogner les uns aux autres, parfois sur le mode d’une extravagance exacerbée, mais toujours sur fond de désespoir.
La langue est très singulière, hérissée d’aspérités poétiques (un tour de force de la traduction), parfaitement accordée à ce monde dissonant qui n’en reste pas moins harmonieux parce qu’il est en parfaite cohérence avec lui-même – et capable de se renouveler par la réactualisation de ses mythes fondateurs.
Mia Couto
La Pluie ébahie
Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues
Chandeigne, 2014
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