Un meurtre a été commis dans un centre d’étude du langage des nourrissons et le coupable ne peut être qu’un des linguistes de l’établissement. Jeremy Cook, que bien des indices semblent accuser, décide de mener sa propre enquête, parallèlement à celle de l’inspecteur Leaf, un type singulier, futé, mais un peu bizarre.
Ses recherches vont lui permettre d’élucider bien des choses : l’identité de celui qui l’a traité de « trou-du-cul » devant la belle Paula, laquelle lui a tapé dans l’œil ; la signification de ce « m’boui » intriguant qu’un des enfants du centre produit dans des circonstances diverses ; et aussi les sentiments que ses collègues éprouvent à son égard. Car Jeremy a beau être un linguiste brillant, un chercheur hors pair, il lui arrive d’être passablement aveugle à ce qui se passe autour de lui. Cette enquête, donc, va lui ouvrir les yeux – pour son plus grand bénéfice.
Un roman plein de drôlerie, de vacheries et de finasseries linguistiques, que la traduction rend avec bonheur. Cet exercice acrobatique demandait de l’inventivité et une capacité à s’amuser avec le texte pour en restituer les astuces.
David Carkeet
Le linguiste était presque parfait
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 2013
Un détective coiffeur de son état, des « statues vivantes », une fillette surnommée « Bout-de-fromage » qui s’entend admirablement à crocheter les serrures, une Russe accordéoniste qui ne veut pas renoncer à ses idéaux révolutionnaires… Tels sont les personnages du dernier roman traduit d’Eduardo Mendoza, La grande embrouille. L’action se passe dans une Barcelone déglinguée, où ceux qui n’ont pas la chance d’être riches et puissants survivent tant bien que mal grâce à des combines diverses et variées. Et lorsque le Beau Rómulo, son ancien compagnon de cellule, disparaît, le détective coiffeur (Mendoza semble soigneusement préserver son anonymat) se lance à sa recherche en compagnie de la fine équipe susmentionnée. Cette histoire l’amènera à côtoyer le terrorisme international et à passer un moment romantique avec Angela Merkel…
Inutile de dire que l’on nage dans la fantaisie la plus délirante et la plus féroce – car la satire est présente à chaque page, et le tableau que Mendoza peint de notre société contemporaine n’est pas rose. Le style, lui, est délectable et ciselé, rendu avec précision par un traducteur qui s’attache à en reproduire toutes les impertinences.
Eduardo Mendoza
La grande embrouille
Traduit de l’espagnol par François Maspero
Seuil, 2013
Corinna Gepner, août 2013