Petit retour sur « échouer à + infinitif » par Jean-Pierre Aoustin

Encore turlupiné par la tournure en question (j’en ai même parlé il y a trois mois à Arles avec quelques collègamis [oui, néologisme !] qui se reconnaîtront), j’ai eu un bref échange à ce sujet avec un représentant de l’Académie (<dictionnaire@academie-francaise.fr>). 
Le voici :

J.P. A. :
Bonjour,
On ne dit pas : « Il a échoué à venir », sur le modèle de l’anglais (« He failed to turn up » – « Il n’est pas venu / n’a pas pu venir / ne s’est pas montré »).
Pourtant on entend et on lit de plus en plus, me semble-t-il, ce genre de construction : « Ils ont échoué à les convaincre que… »
Je me demande donc si cette tournure — échouer à + infinitif — est, malgré tout, acceptable…

P. V. (représentant de l’Académie) :
Monsieur,
Il me semble que cette construction est un anglicisme qu’il convient de proscrire.

J.P. A. :
Cher Monsieur,
Merci de votre réponse.
Mais je reste un peu sur ma faim : voulez-vous bien dire qu’il convient de proscrire cette construction dans tous les cas, et non pas seulement dans ce genre de phrase [elle figurait dans l’intitulé de la réponse] : « il a échoué à venir », qui semble impossible de toute façon ?
J’ai entendu encore hier : « Ils échouent à leur faire comprendre que… »
Et on trouve au moins un exemple chez… Simone de Beauvoir, entre autres…
(« Nos affinités, notre amitié échouaient à combler cet abîme entre nous. » Simone de Beauvoir, La force de l’âge.)
De plus, vous dites : « Il me semble que… » L’Académie aurait-elle, malgré tout, des doutes ?

P. V. :
Monsieur,
Il m’arrive souvent d’avoir des doutes. Échouer à + infinitif n’est traité dans aucun des ouvrages que j’ai consultés. Cette forme a des allures d’anglicisme, n’est pas très heureuse à l’oreille. « Ils échouent à leur faire comprendre » me semble de mauvaise langue, mais peut-être est-ce juste une question de goût. Je déconseille cette forme sans être absolument sûr qu’elle est fautive.

Nous en sommes donc là… Mais cela tend quand même à me conforter dans mon opinion, ou sentiment (malgré les exemples qu’on peut trouver ici ou là)…